L’art de la toiture en bois : entre tradition et modernité

Publié le : 3 août 2025Dernière mise à jour : 10 juin 2025Par

Quand on lève les yeux sur les toits d’un vieux chalet savoyard ou d’une maison en bois jurassienne, il y a quelque chose de profondément apaisant. Une authenticité. Un savoir-faire ancestral. Un respect de la matière et de l’environnement. Bien plus qu’un simple choix esthétique, la toiture en bois, qu’elle soit en bardeaux ou en tavaillons, est une œuvre d’art vivante, durable, et pleine de sens.

Pourquoi choisir une toiture en bois aujourd’hui ?

À l’ère du béton et des panneaux photovoltaïques, choisir une toiture en bois peut sembler rétrograde. Et pourtant, c’est un retour aux sources qui séduit de plus en plus d’architectes, d’artisans et de particuliers. Non seulement pour son aspect visuel chaleureux, mais aussi pour ses performances thermiques, sa durabilité, et son faible impact environnemental.

J’ai eu la chance de visiter une maison rénovée en Ardèche l’année dernière. Le propriétaire, un charpentier passionné, m’a confié :

« Ce toit, je l’ai posé comme mon grand-père m’a appris. Bardeau par bardeau. C’est plus long, oui, mais c’est vivant. »
Et il avait raison : à l’intérieur, la chaleur est douce, l’humidité régulée, et le bruit de la pluie ? Un vrai réconfort.

Bardeaux ou tavaillons : quelle différence ?

Le débat fait rage chez les puristes. Alors, tâchons d’être clairs :

  • Le bardeau est une planchette fendue ou sciée, souvent plus large, utilisée principalement dans les régions montagneuses comme les Alpes.

  • Le tavaillon, quant à lui, est plus fin, plus court, souvent utilisé dans le Jura ou les Vosges. Il est généralement fendu à la main, ce qui lui confère un aspect irrégulier charmant.

Le choix dépend de la région, du type de bois disponible, mais aussi de l’esthétique recherchée. Certaines toitures mélangent même les deux techniques pour un rendu unique.

Une toiture durable… vraiment ?

Oui, mille fois oui. À condition de respecter certaines règles. Le bois utilisé doit être local, sec, non traité chimiquement (mais parfois saturé naturellement en tanins, comme le mélèze). La pose doit être précise, avec un recouvrement adapté pour empêcher l’eau de s’infiltrer. Et surtout, l’entretien ne doit pas être négligé.

Contrairement à une idée reçue, les toitures en bois peuvent tenir jusqu’à 80 ans sans problème, si elles sont bien posées et orientées. Certaines fermes du Queyras témoignent encore d’un toit en tavaillons centenaire, patiné par le temps, mais toujours fonctionnel.

Un choix écologique et local

Là où le zinc, l’ardoise ou la tuile nécessitent des transformations lourdes et souvent polluantes, la toiture en bois coche toutes les cases du développement durable :

  • Matériau renouvelable

  • Empreinte carbone réduite

  • Intégration paysagère harmonieuse

En plus, faire appel à un artisan local pour poser une toiture en bois, c’est soutenir les circuits courts et préserver un patrimoine vivant.

Est-ce plus cher qu’une toiture classique ?

Pas nécessairement. Le prix d’une toiture en bois dépend du type de bois, de la surface, de la complexité de la charpente, et du mode de fabrication des bardeaux ou tavaillons. En moyenne, comptez entre 80 et 150 €/m², pose comprise.

Mais attention : là où vous gagnerez, c’est sur la longévité et l’isolation naturelle du bois, qui permettent de faire des économies sur le chauffage. C’est un investissement à long terme.

Le charme discret du bois qui grise

Un des aspects les plus fascinants des toitures en bois, c’est leur patine. Le bois change avec le temps, il grise, il prend des reflets argentés. C’est vivant. C’est poétique. Certains aiment le bois flambant neuf, d’autres préfèrent ce gris noble, presque argenté, qui vient avec les années. Et il n’est pas rare de voir des propriétaires s’opposer farouchement à toute tentative de lasurer ou vernir leur toiture : “Le bois, on le laisse respirer !”.

Un savoir-faire qui se perd ?

Malheureusement, oui. La pose de tavaillons ou de bardeaux demande une expertise manuelle rare. Peu d’écoles l’enseignent encore, et le bouche-à-oreille reste le meilleur moyen de trouver un bon artisan. Mais bonne nouvelle : certains jeunes charpentiers redécouvrent ce métier avec enthousiasme, mêlant tradition et innovation (certains intègrent même des membranes d’étanchéité modernes discrètement en dessous du bois).


Le mot de la fin : une toiture qui raconte une histoire

Opter pour une toiture en bois, c’est bien plus qu’un choix technique. C’est faire le pari de la beauté, de la durabilité, de l’authenticité. C’est aussi faire vivre un artisanat millénaire, en parfaite résonance avec les enjeux de notre époque : sobriété, écologie, lien au territoire.

Alors, si vous hésitez encore, allez marcher dans un vieux hameau montagnard un matin d’automne. Le silence, le craquement du bois sous vos pas, et les toitures grises au soleil suffiront à vous convaincre.

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